Koha Hackfest 2011

J’ai eu la chance de participer à la Koha Hackfest 2011 qui se tenait chez Biblibre la semaine dernière. Pour le bibliothécaire système que je suis, c’est une épreuve intéressante, de voir s’activer de véritables développeurs de tous les pays autour d’un logiciel de bibliothèque hyper spécialisé, et surtout de se confronter à leurs pratiques de travail.

Le fonctionnement de ce genre de réunion est le suivant : on se donne une semaine pour débugger, faire des tests, valider les patchs correctifs, traduire les interfaces, bref, faire avancer le logiciel tous ensemble. Les développeurs de tous les pays, de toutes les sociétés proches de Koha sont accueillis et regroupés par groupes autour de chaque module du logiciel (acquisitions, circulation, catalogage, périodiques, administration).

J’ai donc dû commencer par apprendre à utiliser les outils des développeurs, en particulier git, que je ne maïtrisais pas vraiment jusque là. Grosse fatigue le premier soir, gros desespoir le deuxième… mais finalement, les rudiments ont suffi. Sur le plan technique, ce fut une bonne leçon d’humilité.

Sur le plan professionnel, je me pose plusieurs questions :

  • le principe du logiciel libre était pour moi de participer à un projet; et je me rends compte que seuls quelques personnes conçoivent aujourd’hui Koha comme un projet libre. Pour les autres, ce n’est qu’un logiciel, a fortiori si son installation et sa gestion sont confiées à une société privée.
    Pourtant, c’est l’occasion de reprendre la main sur nos outils quotidiens, qui ne sont jamais satisfaisants, comme on sait.
    J’avais déjà eu cette impression lors du dernier symposium Koha : le militantisme des origines du libre cède la place au support commercial décentralisé / ouvert. Ce qui est déjà une avancée notable pour les clients et les utilisateurs.
  • quelle est la place d’un bibliothécaire système là-dedans ? s’il est informaticien travaillant en bibliothèque, et s’il maîtrise le développement, aucun problème, il peut débuguer et contribuer. Si comme moi, il est surtout bibliothécaire et un peu informaticien, il est difficile de trouver sa place dans une manifestation de ce type. Je me suis rabattu sur les traductions, à ma portée, et parce qu’il était trop tôt pour soumettre cette prochaine version à une batterie de tests autant fonctionnels que professionnels. Il paraît qu’on est bon pour faire ça.
  • plus généralement, dans ce genre de projet, où doivent intervenir les system librarians pour que cela serve à quelque chose ? certes, de bonnes connaissances des arcanes du logiciel, de ses bases de données, etc. doivent nous aider à formuler correctement les spécifications du logiciel ou ses évolutions, mais on pouvait déjà le faire avec les logiciels propriétaires. On était rarement entendu, mais c’est un autre problème. Je pense qu’on peut chercher d’autres manières de travailler avec les logiciels libres, sans avoir à devenir des programmeurs, sans oublier qu’on est au service de nos collègues et usagers futurs utilisateurs.
    Toutes les suggestions sont les bienvenues.